Certes, le titre semble provocateur, mais les développements qui suivent parviendront à convaincre -je l’espère- des lecteurs ‘’naturellement intelligents’’.
L’engouement populaire suscité par l’intelligence artificielle (IA) mérite un éclairage porté par un souci d’objectivation. À cet effet, il serait judicieux de remonter aux origines du concept afin de mieux appréhender la réalité empirique qu’il désigne au départ et de mieux démystifier la manière dont se développe sa dynamique sociohistorique. Initiées dans le tumulte de la seconde guerre mondiale, ses prémices ne revêtent pas d’une réalité concrète mais d’une ambition extravagante cherchant à imiter les capacités cognitives de l’être humain, un but qui n’a jamais été concrétisé et qui s’est acheminé vers la conception de systèmes capables d’automatiser des tâches complexes sur la base d’instructions relevant d’une intelligence humaine. In fine, la soi-disant IA repose sur une préprogrammation et un référentiel de données préexistants et ne peut jamais inventer des solutions nouvelles face à des circonstances nouvelles, une faculté propre à l’humain. En d’autres mots, le défi de la discipline est de programmer un système pouvant adopter un comportement non programmé. Histoire à suivre.
En revanche, l’hyper utilisation de ce concept dont la dénomination est controversée et hautement critiquable crée une tension sémantique paradoxale associant maladroitement deux termes opposés : ‘’intelligence’’ et ‘’artificiel’’, à l’instar d’une ‘’fausse vérité’’ ou d’une ‘’obscurité lumineuse’’. Or, l’intelligence est par essence une faculté cognitive naturelle ne pouvant être intégrée par un artefact, et ce indépendamment de son degré de sophistication, d’où la qualification de ce concept d’oxymore.
D’autant plus, le concept d’intelligence artificielle n’est pas seulement incorrectement utilisé mais représente également un danger significatif au titre intellectuel du terme. Cela se manifeste notamment par l’existence du risque de perception de l'infériorité intellectuelle de la part de l’utilisateur, ainsi que par une potentielle dépendance excessive envers la machine qui reste sujette à des biais algorithmiques et à des erreurs d’incompréhension possibles, ce qui pourrait compromettre l’autonomie individuelle voire la quintessence même de l’intelligence humaine et rendre l’humain intellectuellement obsolète, ce qui soulève des préoccupations légitimes tant sur le plan psychologique que sociétal, d’où l’intérêt d’une revue sémantique critique permettant une appropriation collective réaliste et raisonnée du terme.
Assurément, les modèles de langage récemment créés et qualifiés d’intelligence artificielle sont puissants mais demeurent de -simples- moteurs de recherche optimisés reposant sur des algorithmes sophistiqués soumis à des instructions et qui, aussi avancés soient-ils, ne parviendront jamais à reproduite la conscience, l’intuition et les facultés mentales de l’humain : éléments imbriqués de son intelligence. Ce qui en fait fondamentalement de simples outils à l’image du marteau, du compas et de la calculatrice, fantasmés et enracinés dans l’imaginaire populaire comme étant de l’IA, particulièrement sous l’influence des films et des médias dans le cadre d’une économie de la promesse.
Dans cette quête de recréer l'intelligence, peut-être devrions-nous nous rappeler que l'essence même de ce don humain réside dans son mystère, sa complexité et son incapacité à reproduire artificiellement ses facultés intellectuelles. Enfin, c’est cette intelligence humaine qu’il faut admirer ! Celle qui se trouve du côté des chercheurs, des développeurs et des mathématiciens qui élaborent des techniques computationnelles complexes capables d’automatiser nos tâches laborieuses.
Pensé et rédigé par une vraie intelligence ‘’humaine’’.