« Femmes au cœur des entreprises familiales » aux éditions La Croisée des Chemin est un travail de recherche et d’analyse qui explore l’univers encore méconnu et souvent silencieux de la place de la femme dans ces entreprises.
Si les entreprises familiales constituent l’essentiel du tissu des entreprises dans le monde et au Maroc en particulier, les questions restent nombreuses à leur sujet. La Chaire Entreprises Familiales de ESCA Ecole de Management est dédiée aux enjeux de la connaissance de cette typologie d’entreprises.
Dans cet ouvrage, vous allez découvrir le rôle que jouent les femmes dans les entreprises familiales à 360° ; qu’elles soient entrepreneures, qu’elles soient épouses, filles, mères ou sœurs d’entrepreneurs. Nous décryptons avec de nombreuses figures féminines du monde de l’entreprise, celles et ceux qui les inspirent. Nous nous interrogeons sur la façon dont elles sont préparées à prendre le destin d’entreprises familiales en main. Comment cultivent-elles la passion de leur métier ? Quels rôles jouent-elles dans la transmission des entreprises familiales, elles qui soutiennent souvent à la fois la famille et l’entreprise ? Où puisent-elles leur motivation et parfois une vraie passion ? Comment gèrent-elles la complexité des liens au sein de la famille et de l’entreprise ?
Cet ouvrage met en exergue la nécessité de reconnaître que ces femmes imposent de nouveaux modèles de leadership en entreprises familiales. Il se présente comme une plaidoirie pour la place des femmes dans ces entreprises et dans l’entreprise, tout simplement.
En interrogeant les internautes sur le sujet avant de conclure l’ouvrage, quatre grandes idées sont ressorties de nos échanges :
- Les mentalités doivent évoluer,
- La contribution des femmes est précieuse à l’entreprise familiale,
- Intégrer des femmes permet de mieux gérer la transmission et d’éviter les conflits,
- Les femmes doivent imposer leur légitimité.
De notre analyse, six enseignements essentiels nous semblent importants à retenir.
- Ces femmes leaders ont souvent hérité de modèles féminins forts : des femmes de leur famille (mères, grand-mères ou tantes) ou des femmes extérieures inspirantes, marocaines ou étrangères. Pour les plus jeunes, leurs mères, voire leurs grand-mères, gardiennes émotionnelles et symboliques des valeurs familiales, furent leurs inspiratrices et les ont poussées à travailler et à rejoindre l’entreprise familiale.
- Les hommes de leur famille – père, frères, oncles et cousins – restent des personnes incontournables pour leur développement dans l’entreprise. Ils sont mentors, soutiens ou alliés. Le père, d’autant plus s’il est le fondateur, reste souvent une figure essentielle, qui leur met le pied à l’étrier, prépare, guide puis conseille. Avec les frères, les relations dépendent souvent du rang de naissance et c’est souvent la place de l’ainé(e) qui détermine la place dans l’entreprise.
- Ces femmes sont de plus en plus préparées pour reprendre les rênes, que ce soit par leurs études ou par une préparation plus informelle. Elles ont baigné dans une culture familiale, participé à des discussions informelles autour de l’entreprise et sont conscientes d’avoir hérité de valeurs uniques qu’elles souhaitent transmettre à leur tour à leurs enfants. Elles ont le plus souvent commencé au plus bas de l’échelle, ont gravi les échelons et ont appris à se faire une place.
- Ces femmes travaillent dans l’entreprise familiale souvent par devoir et par attachement émotionnel fort, sans jamais le regretter. Elles ne veulent « pas décevoir » et considèrent leur travail comme une véritable mission allant au-delà des frontières de l’entreprise.
- Ces femmes gèrent admirablement la perméabilité entre leur vie professionnelle et leur vie familiale, d’autant plus accrue en entreprise familiale. Elles sont souvent le pivot de l’harmonie familiale à la fois au sein de la famille et de l’entreprise. Elles font passer les intérêts collectifs de la famille avant leurs intérêts personnels.
- Ces femmes imposent une nouvelle façon de travailler en entreprise familiale, basée sur la transparence, la confiance, l’humanité et le caractère familial. Leurs qualités « féminines » leur permettent de diriger différemment et trouvent souvent un écho favorable dans ce type d’entreprise. Néanmoins, rejoindre l’entreprise familiale n’est pas une solution de facilité, ces femmes doivent faire leurs preuves souvent deux fois plus que les hommes et ressentent une forte pression pour réussir. Toutes s’accordent pour dire que la réussite est finalement une question de compétences, bien au-delà du genre.
Les femmes dans entreprises familiales marocaines sont en fait des role models dans leurs familles et dans leurs cercles. Le chemin est encore long pour les questions relatives au genre au Maroc, mais une certaine relève est déjà aux commandes et montre la voie.
Thami Ghorfi et Dora Jurd de Girancourt