L’intelligence émotionnelle est la capacité à identifier, exprimer, comprendre et gérer ses émotions. Plus simplement, c’est la capacité à apprivoiser ses états d’âme et ses émotions alors que souvent nous avons des relations conflictuelles avec elles. Nous les réprimons et nous ne les écoutons pas du tout ou bien nous rentrons en guerre avec elles. La recherche montre que le fait d’être coupé de ses émotions ou submergés par elles a de très mauvais résultats tant au niveau de la santé que de l’organisation.
Être intelligent émotionnellement, c’est développer la capacité à utiliser l’information que nous donnent nos émotions pour prendre de bonnes décisions. C’est également être capable, lors d’une discussion, de face à face, à comprendre dans le non verbal de l’interlocuteur ce qu’il ressent et ce qu’il vit au moment de la discussion.
L’empathie, caractéristique très intéressante chez tout communiquant, passe par les émotions. Une personne coupée de son sentiments, serait incapable de comprendre quelqu’un d’autres. Quelqu’un qui ne connait pas la peur, serait une catastrophe pour sa vie. Il ne saura pas se prémunir des risques, ne saura pas ce qui est bon ou mauvais pour lui, ne saura pas prendre de décision.
Il y a une citation que j’aime beaucoup d’Emerson qui dit : « qu’est-ce qu’une mauvaise herbe, une plante dont je n’ai pas encore découvert les vertus ». Il n’y a pas d’émotions positives ou négatives, il n’y a que des émotions utiles. L’être humain est doté de l’instinct de survie qui lui dit à chaque fois, « évitons de souffrir ». Nous n’aimons pas d’habitude certaines émotions qui apparaissent chez nous comme la peur ou la colère car elles nous font souffrir. L’information donnée par ses émotions, par contre, est terriblement utiles.
Paradoxalement, à chaque fois que nous luttons contre ces émotions et que l’on refuse de les écouter, elles prennent le pouvoir sur nous et font voir des comportements qui peuvent être négatifs pour nous et pour notre entourage. La violence est négative et est suggérée par la colère mal gérée.
Pour un manager, développer son intelligence émotionnelle c’est important. Pourquoi ?
Dans le monde actuel, un monde en plein mutations et instable, nous demandons aux managers de s’adapter de plus en plus rapidement. La compétence de s’adapter est reliée directement aux émotions. La prise de décision que l’on croirait une compétence cognitive et rationnelle est au fait une compétence, en grande partie, émotionnelle et affective. Avant, on opposait émotions et raison, mais aujourd’hui, nous savons qu’être raisonnable, c’est être à l’écoute de ses émotions.
Antonio Damazio, l’auteur du livre « L’erreur de Descartes » a montré à travers sa théorie des marqueurs somatiques qu’à chaque fois dans notre vie quand nous avons vécu quelque chose, l’expérience s’imprime physiquement dans notre corps. Si nous sommes coupés de l’émotion, nous n’avons plus les moyens de revenir voir l’expérience qui s’était imprimé à ce moment-là. Quelqu’un qui est coupé de l’émotion a uniquement à sa disposition l’information consciente qui est minime tandis que quelqu’un qui est connecté à ses émotions est connecté à l’ensemble de ses expériences de vie, ce qui est totalement différent. Lorsque nous prenons une décision, nous pensons que nous réussissons à la prendre car nous faisons des colonnes de plus et de moins alors que c’est faux.
En réalité, chaque décision en management est une décision complexe qui appelle à de très nombreux paramètres. Coupé de l’émotion, le manager ne pourra pas prendre les bonnes décisions. La recherche a démontré que, statistiquement, les personnes qui ont des difficultés à identifier leurs émotions à cause d’une lésion sur certaines parties du cerveau, perdent beaucoup plus d’argent que les autres dans les jeux d’argent. Même au niveau de choses aussi pragmatiques que l’argent, le fait d’être coupé de ses sentiments prédit de très mauvais résultats au niveau financier.
Pour développer sa compétence émotionnelle, il faudrait s’entrainer à rentrer en relation avec ses émotions, à identifier et à verbaliser ses sentiments. Et mieux l’on se connait, mieux l’on connaitra les autres. Il faudra être ouvert et attentif à ce que ressent l’autre et à ce que l’on ressent soit même face à l’expérience du moment avant de prendre une décision.