Présentée au 1st Mediterranean Symposium on Enterprise-New Technology Synergy Social innovation and Social Technology dans le cadre des travaux issus de la chaire innovation numérique en partenariat avec Orange, cette recherche clarifie un certain nombre de points essentiels lorsqu’il s’agit de comprendre l’entrepreneuriat féminin dans son interaction avec l’innovation numérique issue de la 4ème révolution industrielle. Voici une synthèse des enseignements issus de cette recherche.
1. De l’importance du concept des hackatons à l’échelle nationale.
Issu de la silicon valley, le principe du Hackaton vise à̀ organiser une compétition qui challenge un problème crucial par une solution disruptive : la contraction Hack et Thon signifie « Hacker » un problème en un temps déterminé́ assez court à l’image du « Mara-thon » sachant que le format retenu pour les hackatons tourne autour de 48H.
S’adaptant au concept de l’open innovation qui consiste à̀ s’ouvrir intentionnellement vers son écosystème, les grandes entreprises corporate adhèrent à ce dispositif pour les bienfaits qu’il est supposé́ apporter. Toutefois, des critiques ont été soulevées vis à vis de ses « évents ». D’une certaine manière, on pouvait dire que la « montagne accouchait d’une souris » ou encore que le groupe corporate se servait de ce type d’évents pour communiquer autour de sa capacité d’innovation qui au final n’était qu’un marketing assez plat qui pouvait être qualifié d’ « innovation washing ». La réalité́ est toutefois différente et cela nous amène à écrire que même dans la situation où « l’innovation washing » est intentionnelle, les bénéfices sont tangibles vis à vis des entrepreneurs digitaux et vis à vis de la culture interne de l’organisation.
En ce sens le cas de la Bot Factory à travers le cheminement de sa fondatrice Khaoula Tanfioui, nous apprend que les différents hackatons auxquels a été exposée cette dernière ont fini par susciter indéniablement un « mindset » entrepreneurial chez elle.
2. La nécessité́ d’être inclusif en termes de territoire.
L’organisation d’évents dans le cadre des hackatons se cantonne souvent aux grands axes territoriaux à savoir Casablanca / Rabat. Dans ce cas, il faut observer que la fondatrice est originaire de Khouribga et c’est dans cette ville qu’elle a proposé́ son projet de Startup. Ce qui revient à̀ dire que sans l’organisation d’un Hackaton dans cet espace géographique précis, son histoire entrepreneuriale aurait pu ne jamais commencer car c’est à la faveur d’un Hackaton organisé par une banque de la place que sa solution a suscité́ l’engouement qui a débouché́ sur la signature de son premier contrat prélude à d’autres.
3. Le rôle pivot clef des structures d’accompagnement aux Hackatons
Les structures d’accompagnement, en l’occurrence ici la Factory, jouent désormais un rôle de pivot en termes de définitions des problématiques des groupes corporate, d’identification des porteurs de projets, de leurs sélections à l’échelle nationale, de leur incubation et d’un accompagnement stratégique visant à̀ les aider à̀ se déployer sur de bonnes bases. La fondatrice a ainsi bénéficié́ via la structure d’accompagnement qui l’a identifiée d’un accompagnement privilégié́ en termes de conseil stratégique et de mise en relation avec l’écosystème.
4. Le rôle clef des cultures favorisant l’entreprenariat au Féminin.
La fondatrice dans le cadre de ses voyages estudiantins a pu réaliser un séjour en Inde et en Corée. Il faut préciser que la dimension interculturelle inhérente à̀ ces deux contrées diverge des destinations classiques post-coloniales. L’immersion dans ces cultures a favorisé d’une manière précise l’émergence de valeurs entrepreneuriales chez la fondatrice.
5. Le rôle clef du Design thinking dans l’émergence de projets entrepreneuriaux innovants.
Le design thinking en tant que paradigme centré sur l’usager qui prend à revers le paradigme marketing relatif à l’étude de marché, a contribué à générer une offre de service technologique de haut niveau adaptée à l’usager. Autrement dit, dans le processus de génération de l’idée innovante, le « driver » n’était pas la technologie bien que maîtrisée, mais des problèmes vécus par des usagers bien précis. Cet état de fait a conduit la fondatrice à générer des solutions technologiques à dimension innovante mais aussi sociale sur la base du paradigme du design thinking. Le dit paradigme joue un rôle clef dans la réussite du projet de l’entrepreneur.
Recommandations aux parties prenantes :
– Les hackatons sont un puissant levier à activer d’une façon continue chez les grandes organisations corporate d’autant plus que les structures d’accompagnement sont aujourd’hui expérimentées et mâtures pour implémenter une culture de l’innovation dans les entreprises. Cependant le maillage du territoire de Oujda à Dakhla est nécessaire et ne doit plus être cantonné aux axes classiques Casablanca-Rabat. Les groupes corporate doivent s’ouvrir à̀ tout le territoire marocain en une logique inclusive. Ils ont tout à y gagner.
– L’immersion dans des cultures autres que les cultures francophones post- coloniales génèrent un rapport autre à l’entreprenariat et à l’éclosion d’idées disruptives : les partenariats ciblant le continent asiatique ou Nord-Américain sont à̀ privilégier.
– Les structures d’accompagnement aux programmes d’open innovation, à l’instar de la Factory, ont développé́ une expertise prenant appui sur l’écosystème de l’innovation et jouent désormais un véritable rôle de pivot nécessaire à l’implémentation d’une culture de l’innovation au sein des organisations. Le soutien à ce type de structures est aujourd’hui plus que nécessaire. – Le design thinking, s’il fallait le confirmer, en tant que paradigme de génération de l’idée innovante démontre sans équivoque son efficacité́ dans la réussite des projets entrepreneuriaux.