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Au cœur de l’émergence de l’économie marocaine : la culture et l’action entrepreneuriales

Au cœur de l’émergence de l’économie marocaine : la culture et l’action entrepreneuriales

Le groupe de la Banque Mondiale vient de publier un mémorandum intitulé « Le Maroc à l’horizon 2040 : Capital immatériel et les voies de l’émergence économique » qui part d’un diagnostic de l’économie marocaine pour esquisser trois scénarii d’évolution probable du pays au cours des deux prochaines décennies. Il s’agit d’un scénario qui prolongerait les tendances actuelles, d’un scénario intermédiaire et d’un scénario volontariste engageant le pays grâce à des réformes structurelles dans la voie du décollage économique à l’horizon 2040.

Tout en soulignant les déficits et les défis à relever, le Mémorandum est marqué par une approche optimiste quand à l’avenir de l’économie marocaine ; Ses rédacteurs soulignent dans la conclusion que « Le Maroc fait figure d’exception dans un monde arabe en effervescence. Il dispose d’atouts considérables pour renforcer sa singularité et devenir à l’horizon de la prochaine génération le premier pays de l’Afrique du Nord non producteur de pétrole à rejoindre le club des pays émergents. »

La qualité de ce document et le poids de l’institution dont il émane incitent à en tirer de nombreuses conclusions. Nous consacrons cette contribution aux aspects relatifs au rôle de l’entrepreneuriat dans le processus de l’émergence de l’économie marocaine.

Les rédacteurs du Mémorandum ont mis l’accent sur le fait que le Maroc a réalisé une croissance moyenne de son Produit Intérieur Brut de moins de 2% au cours de la période 1980-2010 alors que ce taux pour les pays du sud de l’Europe (France, Italie, Espagne et Portugal) a été de 4 à 6% selon les pays au cours des 30 glorieuses. Comparé aux économies dynamiques de l’Asie, la performance de l’économie marocaine est encore plus insuffisante à enclencher une dynamique de l’émergence.

Au Maroc, le taux de croissance économique, indicateur clef de la dynamique de l ‘émergence, a nettement été plus important au cours de la période 2000-2015 qu’au cours des années 1980 et 1990. Les réformes entamées dans les années 1983-1993 et consolidées après la transition dynastique dans les années 2000 ont permis de passer le cap de 3,5% de croissance du PIB dans un environnement international mitigé (baisse des prix du pétrole, crise financière internationale, turbulence géopolitiques, etc.). Il n’en reste pas moins que l’objectif de 7% de croissance économique mainte fois souligné dans les rapports internationaux et dans les publications des institutions de référence au Maroc (Bank Al Maghrib, CESE, HCP) reste encore hors de portée.

Le Mémorandum de la Banque Mondiale interroge cet état de fait et constate que malgré un taux d’investissement parmi les plus élevés au Monde, l’économie marocaine peine à se placer sur la trajectoire de l’émergence économique. Le chapitre intitulé « Faible dynamisme entrepreneurial » que consacrent les rédacteurs du Mémorandum fournit une explication à ce paradoxe d’une économie qui réalise un taux d’investissement de 30% tout en stagnant à moins de 4,5% de croissance.

Deux constats illustrent les carences du pays en matière de culture et d’action entrepreneuriale : 1- le nombre d’entreprises exportatrices ne dépasse pas 5300 et 2- ce nombre n’a pas varié depuis 2000 !

Rappelons que les années 2000 ont été marquées par la conclusions et l’entrée en vigueur de plusieurs accords de libre échange qui ont élargi le potentiel de marché pour les entreprises marocaines avec un accès en franchise de droits de douane aux marchés de l’Union Européenne (500 millions de consommateurs), d’une grande majorité des pays arabes (Accord d’Agadir) et des pays de l’Amérique du Nord (Alena ou Nafta). Un débat récurrent au cours des dix dernières années a été de savoir pourquoi ces accords ont engendré un déficit commercial croissant alors que la dynamique du libre échange était supposée plus favorable à une plus grande compétitivité et  à de meilleures performances à l’exportation.

La réponse au paradoxe soulevé par le dernier Mémorandum de la Banque Mondiale nous semble résider dans deux types d’évolution du tissu entrepreneurial marocain au cours des 25 dernières années. D’une part, de très nombreuses entreprises industrielles ont subi l’ouverture économique du pays en position de faiblesse et ont vu leurs performances décliner ; d’autre part une nouvelle génération de dirigeants et d’entrepreneurs ont amorcé une dynamique de conquête et de consolidation de leurs positions sur les marchés internationaux.

Les performances globales de l’économie marocaine en terme de solde de la balance commerciale, de taux de chômage  et de croissance économique au cours des dernières années sont les résultantes de ces deux tendances contradictoires. Illustrons par quelques exemples :

  • Le groupe OCP SA a cumulé des déficits croissants au cours de la période 1983-2006. Au bord de la faillite, il a fait l’objet, depuis 2007, d’une transformation radicale qui en a fait un champion mondial dans les métiers de l’extraction et de la transformation du phosphate. Son leadership au niveau continental et son modèle d’affaires orienté Développement Durable sont des exemples des ruptures en cours dans le monde de l’entreprise au Maroc ;
  • L’émergence de l’écosystème automobile favorisé par le démarrage de l’usine du groupe Renault à Melloussa (Tanger) a mis un terme à la stagnation puis au déclin de la sous-traitance automobile au Maroc. L’effet de concurrence a incité le groupe PSA à procéder à un investissement greenfield à Kénitra. Le secteur automobile est devenu le premier poste d’exportation du Maroc !
  • Le déclin du modèle de la sous-traitance dans l’industrie textile a cédé la place au modèle dit de Fast Fashion. Plusieurs enseignes européennes ont relancé leurs partenariats au Maroc après avoir délocalisé leurs sourcing vers l’Asie. La dynamique de l’écosystème ZARA et le déclin de Filarsy Confection marquent les deux tendances à l’œuvre dans l’économie marocaine.
  • Dans les services, le développement de nouvelles enseignes dans l’industrie de l’hôtellerie, à l’instar du groupe Kenzi Hôtels, montre que l’entrepreneuriat familial marocain ne s’est pas essoufflé et n’a pas cédé face aux multinationales qui ont investi au Maroc. Le déclin des groupes familiaux ayant marqué le secteur du tourisme a ouvert la voie à l’émergence de nouveaux acteurs, marocains et mondiaux !

En conclusion, le Mémorandum de la Banque Mondial a le mérite de faire le point sur une phase de transition marquée par la coexistence de tendances contradictoires et divergentes. Le cap semble toutefois tracé : l’émergence de l’économie marocaine à l’horizon des années 2040.

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