La société actuelle, axée sur la performance, la flexibilité, l’initiative, la réactivité et l’adaptabilité, impose le recours à un ensemble de compétences nouvelles qui permettront à l’individu de développer son potentiel et de prendre les meilleures décisions. En considérant que l’efficacité de ces mobilisations singulières construit elle-même la compétence de la société, ces compétences particulières doivent permettre à chacun d’avoir accès aux ressources les plus appropriées dans la succession des actions qui construisent sa trajectoire de vie professionnelle et de pouvoir les mobiliser.
Les ressources auxquelles les individus ont accès, qui en définissent ainsi les contraintes et les possibilités, orientent ses choix, ses stratégies et leur aboutissement. Les réseaux sociaux, dans ce sens, se retrouvent ainsi considérés comme une source importance de ressources diversifiées pour l’individu.
L’approche relationnelle de la carrière a depuis longtemps permis de mettre l’accent sur l’existence d’acteurs incontournables dans le développement de la carrière de l’individu.
Trois ingrédients pertinents sont jugés nécessaires à la constitution des réseaux sociaux professionnels: le capital social, la réputation et la confiance.
La confiance et la réputation sont les principaux ingrédients de la constitution du capital social qui s’impose comme étant une des ressources des réseaux. La confiance et la réputation aideraient à la constitution du capital social permettant ainsi l’intégration du professionnel dans un ou des réseaux.
La notion de réseaux sociaux renvoie à celle de capital social. Nous parlons bien du monde Des affaires et pas d’Une affaire, il est donc inconcevable de considérer que le fait d’avancer dans sa carrière professionnelle pourrait être assimilé à un acte solitaire. Construire son capital social est perçu comme le complément du capital humain et son utilité pour l’évolution professionnelle des salariés n’est plus à contester, il est donc considéré comme faisant partie de la nouvelle donne du travail. La notion de capital social est assez ancienne. Hobbes (1951) affirmait déjà qu’ « avoir des amis, c’est avoir du pouvoir ». Elle représente les ressources relationnelles que les acteurs individuels peuvent mobiliser à travers leurs réseaux de relations sociales. Ces ressources sont généralement très variées et peuvent consister en des informations, des opportunités ou toute autre forme de soutien moral ou matériel. La confiance est une condition sine qua non à la constitution du capital social et par conséquent du réseau : la confiance envers tous est une condition de vie du réseau.
Les nouvelles formes que connaissent actuellement les entreprises et les organisations nécessitent le passage à des manières de travailler fondées sur les relations ou les interactions, et par conséquent sur les relations de confiance. Dans un souci de décentralisation de la prise de décision, le partage de l’information a imposé aux entreprises actuelles de passer d’organisations bureaucratiques hiérarchisées à des organisations plus plates et plus floues. Dans ce contexte, la confiance est centrale pour faciliter ce passage d’une organisation sous contraintes et où tout est prescrit à l’avance à des organisations plus centrées sur l’information et plus responsabilisantes. La confiance instaurée et encastrée entre les organisations et les individus se propage aux tiers par l’effet de la réputation.
La réputation fournit une partie des informations relatives à une organisation ou un individu avant la prise de contact. Elle consiste dans le résultat du comportement passé et permet d’anticiper le comportement futur de l’autre. Et c’est cette réputation qui va permettre l’instauration de la confiance. La réputation se construit sur le long terme, afin de sauver des coûts futurs. Elle est, dans ce sens, considérée comme étant un investissement qui impose de renoncer à des gains à court terme. Ce n’est que sur la base d’une expérience durable que les parties peuvent être certaines de la tricherie ou de la non-tricherie d’un agent, car la tricherie est souvent une pratique couverte. La réputation la plus précieuse paraît être la réputation de patience réciproque : ne jamais être le premier à abandonner, mais toujours réprimander celui qui triche
Nous considérons que la constitution d’un capital social, conditionnée par la combinaison confiance-réputation, est déterminante pour l’évolution de la carrière d’un professionnel. Au-delà d’une compétence purement « technique », c’est sa compétence d’être socialement intégré dans un réseau qui lui promet d’avantage d’évoluer dans sa carrière.