« Je crois que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés qu’une armée debout… Le pouvoir d’émettre l’argent devrait être retiré des banques et redonné au gouvernement à qui il appartient. » M. Thomas JEFFERSON.
En 2007, la planète a connu la crise des subprimes, appelée encore « crise immobilière américaine ». La cause essentielle de cette crise, selon Pascal SALIN[1], provient en effet de l’extraordinaire variabilité de la politique monétaire américaine au cours des années récentes.
Or, celle-ci est décidée par des autorités publiques et non déterminée par le marché. C’est ainsi que la banque Fédérale est passée d’un taux d’intérêt de 6,5 % en 2000 à un taux de 1,75 % fin 2001 et 1 % en 2003. Il y eut ensuite une lente remontée à partir de 2004 jusqu’à atteindre 4,5 % en 2006. Pendant toute la période de bas taux d’intérêt et de crédit facile, le monde a été submergé de liquidités.
Les conséquences néfastes de cette crise financière internationale ont engendré plusieurs difficultés, notamment l’accès au financement bancaire des PME. Ces difficultés demeurent l’un des principaux obstacles à la création, à la viabilité et à la croissance des PME, en particulier les plus innovantes d’entre elles.
L’OCDE, dans son rapport de 2005, met en relief le fait que la bonne performance des PME contribue au développement économique dans le monde entier par la création d’emploi, la croissance et le changement structurel de l’économie, l’augmentation de la productivité et de l’innovation, et le développement durable.
En parallèle à cela, la commission d’experts de l’ONU, réunie à New York sous la présidence de Joseph Stiglitz[2], souligne la nécessité vitale de réformer les principes qui gouvernent les systèmes monétaires et financiers pour éviter de nouvelles crises. Parmi les lignes directrices de cette commission, une nouvelle porte a été ouverte pour s’inspirer des principes propres à la finance islamique.
Il est à noter que, grâce à sa remarquable ascension ces dernières années, le système financier islamique a particulièrement intéressé l’ensemble des analystes économiques dans le monde. Ainsi, les actifs de la finance islamique ont augmenté à des taux à deux chiffres au cours des quinze dernières années, d’environ 200 milliards de dollars en 2003 à un montant estimé à 3 trillions à la fin de 2016.
De ce fait, les répercussions remarquables de cette crise financière ainsi que les changements survenus avec les événements du Printemps Arabe ont poussé les pays d’Afrique du Nord, dont le Maroc, à renforcer les piliers de base qui favorisent la croissance de la finance islamique.
Le Maroc d’ailleurs est en cours de finalisation de son écosystème, l’environnement connexe ayant été un corollaire nécessaire à de récentes initiatives ; le royaume s’est mis progressivement à élaborer un cadre juridique et réglementaire approprié pour les banques islamiques, appelées au Maroc banques participatives. En effet, en janvier 2017, Bank Al-Maghrib, a donné le feu vert à la création de cinq banques participatives et à l’ouverture des fenêtres participatives par trois aux autres banques.
A travers une étude sur le terrain, nous avons pu mettre en évidence que 67% des dirigeants de PME au Maroc sont favorables à l’adoption des produits des banques participatives.
Les résultats de cette recherche ont montré la nécessité pour toutes les parties prenantes à adopter une vision pragmatique et opérationnelle en vue de conjuguer leurs efforts et considérer l’impact positif sur l’économie marocaine par l’augmentation du taux de bancarisation, le drainage des fonds des pays du Golfe et la disponibilité d’une offre diversifiée des financements pour les entreprises en général et pour les PME en particulier, car ces dernières constituent un véritable moteur de l’employabilité et le fer de lance de l’économie.
Nos résultats visent à proposer aux banques participatives qui s’installeront dans notre pays prochainement des pistes de réflexion pouvant aider au démarrage de bonnes politiques avec pour objectif de mieux approcher et répondre aux besoins spécifiques et particuliers des dirigeants des PME pour le financement de leurs projets.
Enfin, il est conseillé de donner une importance à l’environnement des dirigeants des PME, notamment familial, lequel a déjà une perception positive, selon nos résultats empiriques, de la banque non usuraire.
[1] Rapport « La crise financière : causes, conséquences et solutions » paru en Mars 2009 – Torino, Institutu Bruno Leoni
[2] Il est un économiste américain. Il a reçu en 2001 le « prix Nobel » d’économie, pour un travail commun avec George Akerlof et Michael Spence.